Bio ou pas bio ? Local ou pas local ? Paysan, artisanal ou pas ?… Que mettons-nous derrière le principe du circuit-court au sein de Cocoricoop ?

Poivrons

Depuis deux ans et demi d’existence, les questions peuvent être nombreuses concernant les choix de Cocoricoop en matière de produits vendus, de producteurs coopérateurs inclus ou de fournisseurs mobilisés. Outre les documents fondateurs qu’il importe de relire, voici quelques éléments de notre histoire, de l’évolution de notre réflexion et des différents enjeux sur le sujet.
– Relire le cahier d’engagement du producteur, la base de l’engagement de chaque coopérateur et la charte éthique.
– Mais aussi, un article diffusé sur notre site et dans la newsletter au début de l’année 2019 : Du « bio » et du « non-bio » dans la coopérative… Pourquoi ? – Cocoricoop, coopérative de circuit-court en Condroz.


Rappels et précisions ci-dessous :

1) Nous sommes une coopérative de producteurs ET de consommateurs.
L’historique de Cocoricoop et l’identité des fondateurs sont directement liés à la casquette « consommateur » des groupements d’achat de la région : Ohey, Hamois, Havelange, Leignon et le Petit Marché de la Gare de Ciney. C’était donc un défi de réunir ces deux identités, avec des réalités, des attentes et des besoins très différents. Des efforts sont faits autant que possible, comme la présence de producteurs au CA, la possibilité de rejoindre les commissions production ou clientèle et l’organisation de réunions par filière. Il n’est pas simple d’équilibrer la tendance dans l’identité fondatrice du projet. Mais l’envie que les producteurs s’approprient de plus en plus l’outil de la coopérative persiste bien.

Un des objectifs de la coopérative clairement affiché (voir page d’accueil du site) est la création d’une alternative à la grande distribution. Cela place l’ambition que s’est fixée Cocoricoop en matière de gamme de produits afin que les clients fidèles puissent compter sur la coop dans leurs besoins de courses hebdomadaires, tout au long de l’année, et donc aussi en saison creuse en légumes. Si le but n’est pas d’aller aussi loin que la grande distribution dans la diversité de la gamme, l’objectif est bien de pouvoir compter sur les produits alimentaires de base chaque semaine, toute l’année.

2) L’agriculture biologique a toujours été défendue et mise en avant par les fondateurs. Par souci d’ouverture, de diversité et d’évolution du modèle, le choix a été posé d’ouvrir à des producteurs/produits « non-bio » sur base d’un cahier d’engagement très clair et de visites SPG.

Voir ce passage dans le cahier d’engagement du producteur : « La certification bio est vivement encouragée, sans être une obligation en soi. Et les échanges entre producteurs et avec la coopérative inciteront à tendre vers une qualité similaire à l’esprit bio, le cahier de charges bio constituant une référence à ne pas perdre de vue. L’important est de réfléchir sur son mode de production, d’augmenter progressivement la part commercialisée localement en circuit court et d’améliorer continuellement la qualité. »

L’ouverture à la non-certification bio révèle également la prise de conscience par les fondateurs de Cocoricoop de certaines critiques du modèle « bio industriel » de l’incomplétude de certains cahiers des charges de l’agriculture biologique (et notamment les aspects sociaux, la proximité de production,… qui font partie aussi de nos valeurs)
Le circuit-court et la proximité avec les producteurs alliés à un système de garantie, co-géré par les producteurs et les consommateurs afin de favoriser une amélioration continue des modes de production (en particulier dans son impact sur l’environnement) permettent d’aller au-delà d’une certification pour mieux connaître la réalité et les enjeux de chaque producteur.

En effet, à défaut de la certification, l’inclusion de produits non-certifiés bio doit être garantie par le principe des visites SPG, des réunions par filière (transparence et échanges) et par la volonté d’évolution permanente vers la qualité bio. C’est également dans ce sens qu’une phase évaluative a été initiée depuis l’automne dernier. Pour lever les obstacles à l’évolution vers une pratique bio, l’équipe et les membres de la commission production sont ouverts à l’échange et à l’appel vers des structures conseil spécialisées ou au partage d’expérience de producteurs.
Enfin, pour les transformateurs en particulier, nous avons pour objectif que ceux-ci utilisent des produits suivant cette même philosophie ; soit biologiques, soit liés au territoire, et intégrés dans notre coopérative.

3) Choix de vendre aussi des produits du Sud de l’Europe.
Pour des produits qui nous paraissent essentiels, qui peuvent avantageusement diversifier notre offre, mais non cultivables en Belgique, Cocoricoop a pris une option au-delà du « 100 % local » en choisissant de travailler dès le départ avec une coopérative sicilienne de producteurs, actifs dans l’agriculture biologique (Galline Fellici). Ce sont des acteurs qui rejoignent nos valeurs sociales, économiques et environnementales. Outre ce projet collectif bien connu des GAC, c’est une autre coopérative espagnole (La Vall de la Casella) qui a été introduite grâce à nos liens de confiance avec Paysans-Artisans.

Cocoricoop assume donc ce choix du circuit-court « non local » pour répondre à un besoin du consommateur, tout en garantissant confiance, valeurs et mode de culture respectueux du vivant et des saisons. Dès lors, nous nous engageons à entretenir des liens de connaissance avec ces projets éloignés tout en les communiquant vers l’ensemble des membres actifs et clients de la coopérative.

4) Défi de la création d’une entreprise coopérative :
Notre coopérative s’est créée sur des bases citoyennes et militantes avec l’objectif de construire une structure pérenne, non dépendante des subsides (sans pour autant s’en couper). La limite du bénévolat à 100 % étant bien connue parmi les GAC et GASAP, il fallait créer une structure commerciale pour créer de l’emploi, complémentaire au bénévolat. Outre les valeurs fortes assumées par Cocoricoop, l’enjeu commercial et financier est bien présent et stimulant pour répondre de façon positive aux attentes de la clientèle (gamme, qualité, prix, service), dans un certain cadre de valeurs donc.

5) Priorité mise sur les producteurs coopérateurs du territoire.
Nous assumons le fait de faire appel à des fournisseurs hors territoire ou hors Belgique (dans un certain cadre de valeurs et de certification bio) à partir du moment où nous garantissons la priorité mise sur la vente des productions locales de nos coopérateurs, tout en créant les espaces d’évolution de l’offre locale (ex : réunions de planification).

Enfin, nous sommes convaincus que l’amélioration permanente de l’offre, la réponse aux besoins des consommateurs et le développement économique de notre coopérative (dans un cadre clair de valeurs et de concertation collective) sera bénéfique à court, moyen et long terme pour les producteurs coopérateurs. En effet, Cocoricoop offre un nouvel espace de commercialisation, résilient aux crises (proximité, basée sur des consommateurs fidélisés,…) pour les producteurs. Un indicateur de choix de cette priorité est l’évolution du chiffre d’affaires des producteurs coopérateurs afin d’évaluer l’impact potentiel de nouveaux produits vendus sur l’eshop.

Dans tous les cas, les échanges bienveillants, l’écoute et la réflexion constructive seront toujours privilégiés avec l’ensemble des producteurs coopérateurs.

Derrière le principe du « circuit-court », Cocoricoop assume donc une identité hybride et une souplesse évolutive, sans être « 100 % local », ni « 100 % bio », avec des valeurs fortes et dans l’optique d’une amélioration permanente des modes de production et de consommation dans le Condroz.

Robin Guns

(avec le regard des membres de l’équipe, de la commission production et du conseil
d’administration)

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