Avec l’actualité récente, nous partageons ici le texte de Nathalie, agricultrice coopératrice (Ferme du Champia à Chevetogne) :
Bonjour à toutes et tous,
Je ne prends jamais la parole mais cette fois, la coupe déborde et je suis en colère. Laissez-moi vous décrire une situation qui, malheureusement, pourrait bien arriver à moyen terme :
Le matin pour accompagner votre café, vous aimeriez un croissant, pas de chance, plus de croissant.
Pas grave, une bonne tranche de pain dans ce cas, pas de chance, pas de pain non plus.
Ok, vous vous rattraperez à midi avec un bon potage, incroyable, mais pas de potage.
Malgré votre étonnement, vous patientez jusqu’au goûter pour déguster l’excellente tarte aux prunes, …. Mais où est-elle ? Plus de tarte aux prunes.
Votre inquiétude grandit, qu’en sera-t-il du repas du soir prévu, volaille, petits légumes et purée? Rien de tout cela n’est sur la table.
Cette situation dramatique serait celle qui nous attend si les fermiers et agriculteurs mettaient la clé sous la porte.
Avez-vous jamais réfléchi au fait que la nourriture que vous mangez, est le fruit du travail des agriculteurs ?
Et quand je dis « travail », entendez bien, il s’agit :
– de se lever à l’aube 365 jours par an,
– d’accomplir les nombreuses tâches journalières
– de faire face aux imprévus liés à l’agriculture. Je ne pense pas seulement à la météo, mais à toutes les contraintes (souvent inutiles) qui sont imposées par des règles émanant de personnes qui n’ont jamais travaillé en milieu agricole.
– de consacrer de nombreuses heures à du travail administratif pour lequel la devise est « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ».
Evidemment, pas question d’arrêt de maladie; les animaux ont besoin de soins tous les jours, les cultures n’attendent pas.
Vous pensez déjà à vos futures vacances ? C’est super pour vous, pour les fermiers, c’est une autre histoire !
Alors oui, il leur arrive d’exprimer leur mécontentement,
Alors oui, c’est dérangeant, mais peut-être cela éveillera chez certains d’entre vous une prise de conscience urgente face à leur désarroi.
Pour conclure, merci d’avoir pris le temps de me lire, car c’est une corporation qui mérite le respect et des conditions de travail correctes, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Nathalie, une agricultrice en colère